Disgaea

Test 238: Disgaea 5 sur Playstation 4

Test 238: Disgaea 5 sur Playstation 4Disgaea est de retour et cette fois c’est sur PS4 que cela se passe. Disgaea 5, Alliance of Vengeance, le sixième épisode de la saga si on compte D2, arrive enfin dans nos contrées de longs mois après sa sortie nippone. En guise d’avertissement, ce délai entre sortie japonaise et occidentale digne d’un autre siècle annonce la couleur quant aux archaïsmes dont la franchise a choisi de ne pas se défaire.

test disgaea 5C’est donc entre l’envie d’un fan de la première heure et une certaine circonspection que l’on glisse la galette bleue dans la console avant de se lancer dans l’aventure. Le souvenir de Disgaea 3, le premier épisode de la série sur PS3, et de sa technique indigne de la console qui l’accueillait fait craindre le pire pour cet opus qui ouvre le bal sur la nouvelle console de Sony mais très vite les doutes s’estompent : l’intro est colorée et pêchue mais surtout le jeu «envoie» pour un Disgaea : Artworks des personnages magnifiques, graphismes simples mais très fins, disparition de l’aliasing, éradication des ralentissements. Sans être facilement différentiable des épisodes 4 et D2 lors des plans fixes, ce cinquième opus corrige la totalité des petits tracas techniques de ses ancêtres. Bien sûr, on aurait préféré un saut visuel qui se distingue au premier coup d’œil mais l’amélioration est tout de même notable et confortable à l’usage tout comme l’augmentation du nombre d’ennemis et d’objets à l’écran sur certaines maps.

Petit Rappel: Disgaea c’est quoi ?

Disgaea est un RPG tactique à l’ancienne. En général on se débarrasse des explications en faisant référence à Final Fantasy Tactics, un jeu Ps One de 1997 jamais sorti en Europe et dont il a fallu attendre la version PSP en 2007 pour pouvoir le découvrir. Je vais donc essayer de faire un peu mieux en rappelant que ce style de jeu est orienté vers les combats plus que vers la narration et l’exploration et que le but ultime est principalement de mettre sur pieds une petite armée de personnages. On leur affecte des métiers (guerrier, ingénieur, etc) qui les spécialisent dans différentes tâches toutes utiles lors des joutes. Ces combats se déroulent sur des cartes découpées tel un damier. La capacité de déplacement (3 cases, 4 cases, etc.), tout comme la portée et la zone d’effet des attaques (1 case, 2 cases, etc.), dépend des métiers (les classes dans Disgaea) et de leur progression sur différents facteurs (niveau général, maîtrise de la classe, de leur arme, du sort en lui-même et autres chamailleries). A l’image d’une partie d’échec, le gameplay laisse complètement de côté les réflexes de joueurs pour faire uniquement appel à la réflexion stratégique. C’est un style de jeu plutôt vieillot et qu’on imaginerait plus adapté de nos jours à une tablette qu’à une PS4 flambant neuve… et pourtant… se lancer dans Disgaea 5 c’est découvrir quantité de mécaniques parfaitement calibrées et une aventure haute en couleur.

Evidemment, Disgaea 5 est un vrai Disgaea, ce qui veut dire que le jeu commence réellement lorsque l’aventure principale est bouclée (comptez 25 heures en flânant un peu). C’est à ce moment que toutes les mécaniques de jeu prennent leur sens et que vous pourrez réellement entamez le power levelling de votre équipe et vous préparez à affronter des ennemis qui pour certains auront des stats plusieurs centaines de millier de fois supérieures à celles du boss de fin !

Et L’intrigue dans tout ça ?

test disgaea 5Comme toujours avec cette franchise, l’histoire est plus un prétexte qu’autre chose et les auteurs font le choix de l’humour et d’un ton décalé. On suit ici les aventures de Kilia, un démon qui mène une troupe d’Overlords rebelles qui tentent de sauver les sous-mondes du tyran Dark Void et de son armée des Losts. Les premiers overlords à vous rejoindre seront Seraphine (du sous-monde Glamoureux) puis Magnus, Christo Zeroken et bien d’autres. A cette troupe de personnages uniques pourront être ajoutés comme d’habitude des soldats humains génériques issus des différentes classes du jeu (archers, voleurs, mages, …) et même des monstres. Le jeu reprend le gimmick du quatrième épisode : les monstres pourront être transformés en armes pour quelques tours et ainsi vous procurez quelques avantages. En revanche, la possibilité de les chevaucher comme dans Disgaea D2 n’a pas été reprise.

Au sujet des classes, le jeu propose son lot de nouveautés :

  • Femme de ménage (si si): Elle disposent de la capacité inédite dans la série de pouvoir utiliser un item après avoir réalisé une action: attaquer un ennemi et donner un objet de soin à un allié dans le même tour par exemple, ou encore utiliser deux objets consécutivement. C’est utile sur le papier lors du tout début de l’aventure et dans quelques situations très spécifiques, mais beaucoup moins dans la majeure partie du jeu : cette épisode ne déroge pas aux habitudes de la saga puisque l’utilisation d’objets lors des combats n’est vraiment pas une stratégie gagnante.
  • Catcheur : dans la même logique que la femme de ménage mais cette fois la capacité qui ne coûte pas un tour d’action est le fait de lancer des personnages. Là encore, cela ne révolutionnera pas les stratégies mais se révélera utile sur les cartes étendues.
  • Pirate : Historiquement dans Disgaea, les pistolets sont des armes toutes pourries; on peut tirer que dans quatre directions alors que la magie et les arcs permettent de viser librement, la portée est tout juste supérieure et en plus les dégâts diminuent quand la distance de la cible augmente. La classe pirate semble avoir été créée pour remédier à ceci puisqu’elle inverse ce dernier point. Avec les pirates, plus on vise loin, plus les dégâts sont importants. On tient ici les premiers snipers réellement efficaces de la franchise. Il était temps ! Ceci dit, pas de miracle puisque plus on avance dans le jeu, plus la magie devient le mode d’attaque à distance incontournable.
  • Chevalier noir : Très réussie visuellement, cette classe est la meilleure du jeu du point de vue des statistiques de départ. Ce sera donc une classe de choix pour les fantassins dans la seconde partie de l’aventure principale (cette classe est une des dernières à se débloquer) et le début du post game. Sa capacité unique lui permet de causer des dégâts aux ennemis adjacents à ceux que vos attaques visent. Encore une fois, c’est une capacité extrêmement pratique mais dont l’utilité diminue une fois les attaques ayant les plus larges zones d’effet débloquées.
  • Sage : Cette fois, on change de catégorie! Contrairement aux autres nouvelles classes, celle-ci est un «game changer» comme on dit au pays des burger. Non contents d’être les meilleurs dans l’utilisation de la magie, les Sages ont une attaque inédite qui frappe tout personnage présent sur la carte, sans considération de distance, type d’ennemis ou autre. Évidemment, il y a un prix à payer : au début, cette magie coûte un bras en points de magie et ne fonctionne quasiment jamais, elle vous sera d’ailleurs pratiquement inutile lors de l’aventure… mais une fois le personnage boosté dans le post game, on tient là une sorte de cavalier de l’apocalypse qui modifiera totalement votre façon d’aborder l’item world (l’endroit où vous passerez le plus de temps après les crédits de fin). 

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Il y a quoi de nouveau ?

test disgaea 5Soyons clair : Disgaea 5 est un des épisodes qui fait le moins évoluer la série… ce qui est un petit exploit quand on sait à quel point les épisodes PS3 n’avaient déjà pas été des modèles d’innovation. Cet épisode reprend donc plus ou moins tous les concepts pré-existants en les modifiant parfois un peu et parfois plus significativement : On retrouvera donc l’item world qui vous permet de parcourir les 100 maps aléatoires contenues dans chaque objet et qui permettent de décupler ses statistiques. Le character world totalement remanié sous une forme de jeu de plateau et qui permet de faire la même chose pour les personnages. La cabane de triche fait son retour et vous permet d’ajuster la difficulté du jeu, de renforcer un type de gains plutôt qu’un autre (l’xp versus les crédits par exemple) et de débloquer bien d’autres effets encore. La gestion des maléfices (les capacités passives de vos personnages comme être plus résistant à certaines attaques) se fait elle aussi à peu près comme d’habitude.

La notion de revanche est la clé de voûte de cette épisode ; Elle est partout : dans le titre, à l’écran et dans le background des personnages. Fort logiquement, chaque personnage a donc une jauge de revanche qui se remplit au fil des combats (coups reçus, donnés, passage en mode revanche des adversaires). Lorsqu’elle est pleine, le personnage dispose de divers avantages jusqu’à la fin du combat. Les overlords disposent même d’un effet supplémentaire, Magnus voit par exemple sa taille augmenter.

Cet épisode, ajoute également différents concepts : Une boutique de mission qui vous donne des récompenses si vous faites ce qui est demandé. Le déblocage des classes de personnages, autrefois automatique est d’ailleurs déguisé en mission et il ne faut pas oublier d’accepter la mission pour que les nouvelles classes apparaissent. La notion de sous-classe existante dans beaucoup de jeu de rôle permet de créer des personnages plus versatiles. La possibilité d’équiper deux armes et ainsi de réaliser les attaques spéciales propres à chacune. Le squad shop permet de faire des sous-groupes parmi vos personnages et ainsi les faire bénéficier de divers avantages. La possibilité d’envoyer des personnages en mission (une très bonne idée puisqu’on a souvent une palanquée de compagnons que l’on n’utilise pas). Et pour finir la possibilité de capturer des adversaires puis de les interroger.

test disgaea 5Le système est très complet mais aussi très fouillis : il existe souvent plusieurs manières d’obtenir la même chose. Un maléfice peut s’acquérir via les missions, la boutique spécialisée, en réincarnant son personnage dans une autre classe ou dans certains cas, via le concept d’équipe si un autre personnage le possède. Il est donc souvent difficile de savoir quelle est l’option efficace. De la même manière, certaines nouveautés sont redondantes avec des possibilités déjà existantes. Le jeu permet notamment toujours de changer d’équipement à volonté en cours de combat et sans perdre un tour d’action même si le fait d’équiper deux armes est sans doute plus pratique que de switcher pendant les batailles, cela revient strictement au même. Même chose pour le principe des sous-classes puisqu’on peut toujours via la réincarnation d’un personnage dans une autre classe obtenir les capacités initiales de plusieurs jobs. Tout ceci ne simplifie pas la maîtrise du système du jeu et il faut une très bonne vision d’ensemble pour être efficace.

Autre nouveauté importante : le jeu est traduit en français (les textes et menus uniquement) ce qui est une bonne initiative… mais pour les habitués des précédentes versions, il faut jongler avec les noms anglais dont on a l’habitude et leurs versions dans la langue de Molière. Dernier point important: le jeu permet de créer des maps et de les partager, l’éditeur est plutôt bien fichu même si le fait de devoir grinder un nouveau type de ressources pour débloquer les différents éléments à placer sur les cartes a tendance à refroidir la motivation pour cette aire de jeu.   

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Et ça marche tout ça ?

test disgaea 5Et bien oui ! Malgré l’accumulation de concepts et la flagrante nécessité pour les prochains épisodes d’effectuer remise à plat du gameplay, cet épisode parvient à être tout de même très équilibré. Contre toute attente, on trouve même certaines vertus au fait d’avoir cinq ou six manières différentes pour obtenir le même résultat : ceux qui découvrent la saga ne passent plus à côté de pans entiers d’étapes de progression de leur escouade quant aux joueurs expérimentés, ils ont là l’opportunité d’optimiser les méthodes de progression de leur équipe. Finalement, ce Disgaea 5, joli, relativement accessible et incroyablement riche s’en sort très bien et peut même ambitionner un public plutôt plus large que ses prédécesseurs.

Une conclusion en guise d’avertissement

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Même si le tout premier Disgaea garde une saveur particulière, ce cinquième épisode est sans doute le meilleur de la saga. C’est un jeu agréable à regarder, disposant d’une meilleure technique que ses ancêtres même s’il faut souvent un œil aguerri pour le différencier de Disgaea D2 pourtant sorti sur PS3. Alors oui, le genre T-RPG est archaïque, Disgaea 5 ne dispose pas de multi, pas de jeu en ligne, pas d’exploration, encore moins de monde ouvert et impose de grinder de manière souvent répétitive. Pourtant Disgaea 5 est aussi attachant qu’addictif. Malgré l’impression de déjà-joué, on se surprend à sourire en se faufilant dans les méandres des mécaniques de jeu pour optimiser ses persos et équipements de manière honteuse.

Pour tout vous dire, quelques jours avant de tester le jeu complet, j’avais utilisé la démo (qui conserve une sauvegarde transférable) pour créer des personnages de niveau 150 dès la quatrième du premier chapitre. Évidemment, la technique était limite et un peu rébarbative mais parfaitement dans l’esprit Disgaea: Si vous trouvez un truc louche qui fonctionne, soyez certain que ce n’est pas un bug mais une porte ouverte que les développeurs ont laissé pour vous permettre d’avoir le plaisir de la découvrir. Ceci m’amène à une recommandation importante : Évitez le plus possible les tutos youtube et autres faqs qui vous donneraient les méthodes les plus efficaces pour faire progresser votre petite troupe. Une grande partie de l’intérêt du jeu réside dans le fait de construire vous-mêmes vos stratégies… et tant pis, si elles ne sont pas totalement optimales.

Vous l’aurez compris, Disgaea 5 est une réussite, il nécessitera une bonne part d’abnégation chez les novices et la remise en cause de quelques habitudes chez les fans de la première heure mais avec un peu de patience, tous y trouveront leur compte. Pourtant, aussi fun et réussi qu’il puisse être, Disgaea 5, Alliance of Vengeance n’en est pas moins inquiétant : la franchise évolue trop peu que ce soit techniquement (les sprites des classes génériques viennent directement des épisodes antérieurs) ou dans les mécaniques de jeu. Ce titre est une sorte d’aboutissement dans l’art de ne pas se renouveler. Ça passe cette fois encore, ça passe même avec panache mais il faudra bien qu’un jour Disgaea fasse sa révolution.

Les plus

Les moins

Le contenu énorme
L’équilibre général du gameplay
La bande son et les voix japonaises
Les traductions françaises (textes et menus)

• Le ton parfois trop léger pour réellement s’intéresser à l’intrigue
L’empilage des mécaniques de jeu
Des dialogues non joué (à lire uniquement, même entre les personnages principaux)
L’impression de «déjà-joué»

 

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